[MUSIQUE] Bonjour et bienvenue dans cette vidéo! La consommation mondiale d'énergie va être multipliée par deux d'ici 2050. L'essentiel de la demande provient aujourd'hui des pays en développement. Si on ajoute à cela le fait que l'offre d'énergie demeure majoritairement fossile, il est clair que les problèmes environnementaux et sociaux ne vont faire que croître. Il est donc urgent d'apprendre à utiliser mieux et moins l'énergie, en d'autres termes, être plus efficace, voire plus sobre. C'est ce à quoi nous allons nous intéresser dans cette vidéo. Pourrons-nous et saurons-nous réduire notre consommation d'énergie, tout en assurant un avenir souhaitable pour l'humanité? Quels sont les enjeux associés? Premier outil pour réduire la consommation, maîtriser la demande. C'est l'enjeu fondamental auquel sont confrontés tous les pays de la planète. Elle passe, dans un premier temps, par la maîtrise de l'intensité énergétique finale, c'est-à -dire la consommation d'énergie nécessaire pour produire une unité de PIB. L'intensité en France a baissé de 45 % entre 1970 et 2011, ce qui indique qu'on utilise moins d'énergie par point de PIB. Un découplage commence à opérer entre consommation d'énergie et production. Une maîtrise de la demande acceptable et efficace passe par le respect du trilemme énergétique, défini par le Conseil mondial de l'énergie. Ce trilemme consiste à maîtriser et concilier trois enjeux fondamentaux : la sécurité d'approvisionnement en énergie, l'équité énergétique, c'est-à -dire la lutte contre la précarité énergétique, et la soutenabilité environnementale. [AUDIO_VIDE] Un deuxième levier vers une consommation plus responsable est un bon équilibre production/consommation. Mieux produire, c'est aller vers la sobriété en carbone. La réduction des impacts écologiques de notre consommation d'énergie repose d'abord sur la capacité qu'auront les pays à développer un mix énergétique plus soutenable, donc plus sobre en carbone. La France, de son côté, a lancé en 2013 le Facteur 4, c'est-à -dire l'objectif de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre, d'ici 2050. Mieux consommer, ensuite, c'est lutter contre le gaspillage. Le premier constat est celui du gaspillage énergétique. Nos modes de vie de pays développés nous poussent au gaspillage, que ce soit au niveau, par exemple, du carburant ou de l'électricité. Avant toute chose, il est de la responsabilité de chacun de réduire ce gaspillage quasi naturel dans tous nos gestes quotidiens. Pour ce faire, le bon sens et la prise de conscience individuelle et collective sont nos meilleures armes. Mais au-delà de ces pistes de progrès, il existe deux notions qui sont primordiales dans le débat sur la transition énergétique. Il faudrait être plus efficace et plus sobre. Voyons ce qu'il en est. Pourquoi être plus efficace? Au-delà du gaspillage, c'est d'abord par la recherche d'efficacité énergétique que nous parviendrons à réduire de façon significative, notre impact sur l'environnement. Cette recherche d'efficacité doit se déployer tout au long de la chaîne, depuis la production d'électricité, jusqu'à la consommation finale. Ce sont à la fois les infrastructures, les produits et les services qui sont concernés. Un bon exemple est le label européen d'efficacité énergétique, qui vise à augmenter l'efficacité énergétique des bâtiments ou encore des appareils électroménagers. L'efficacité, ou efficience énergétique, peut se définir comme la réduction d'énergie pour le même service rendu. Il est donc question de performance énergétique, d'optimisation, ce qui nécessite d'investir notamment dans la recherche d'éco-innovation. L'industrie est en première ligne sur ce sujet et il est temps pour les entreprises de s'approprier pleinement ces questions, notamment dans les secteurs du bâtiment et des transports, qui en France représentent respectivement 44 % et 33 % de la consommation finale d'énergie. Les initiatives en matière de villes durables, de réseaux intelligents sont autant d'exemples. Et la sobriété dans tout ça? Eh bien, l'efficacité énergétique n'est qu'un premier objectif. L'autre enjeu, plus profond, est celui de la sobriété énergétique, terme qui porte souvent à confusion. La sobriété énergétique se définit comme la réduction de la consommation de services énergétiques. Si dans un premier temps, cette notion semble liée à la recherche d'efficacité, il est clair qu'elle porte en elle des enjeux de société beaucoup plus profonds, qui questionnent nos modes de vie et de comportement. La recherche de sobriété pose, en effet, la question des besoins et donc des finalités de nos existences et de nos modes de vie. Elle est donc un concept beaucoup plus controversé que l'efficacité énergétique, qui elle peut se mesurer d'une manière objective. La sobriété doit-elle être imposée? Auquel cas, elle pose la question des choix démocratiques de société. Certains, comme Pierre Rabhi, préfèrent parler de sobriété heureuse, ce qui implique une price de conscience d'abord individuelle, et donc une simplicité volontaire, la recherche de l'épanouissement personnel par cette voie. Ben alors, allons-nous vers la décroissance? Ces questions nous mènent à l'épineux débat sur la décroissance dont se sont emparés certains économistes dits hétérodoxes. Depuis la bioéconomie de Georgescu-Roegen jusqu'à Serge Latouche, en France, en passant par la croissance zéro d'Herman Daly, ou la prospérité sans croissance de Tim Jackson. Toutes ces théories induisent un changement radical de mode de vie, de prise de décision avec en toile de fond, le rejet de la logique de la croissance et du PIB, au bénéfice d'indicateurs non économiques, mais de type sociétal, à l'image du bonheur national brut qui remplace le PIB dans le petit pays himalayen du Bhoutan. Alors que la notion de décroissance propose un diagnostic extrêmement pertinent, qui questionne nos modes de vie non soutenables, son application pose problème au-delà de certaines communautés humaines qui en font le choix délibéré. En effet, imposer la décroissance va à l'encontre des valeurs de liberté et de démocratie, qui sont le socle de nos société occidentales. Par ailleurs, comment pourrait-on imposer la décroissance aujourd'hui au monde en développement, dont certains besoins de base ne sont pas encore pleinement satisfaits? Et qu'en est-il de l'acceptabilité? Finalement, tous ces enjeux d'efficacité et de sobriété passent par une question essentielle, celle de l'acceptabilité sociale. Il s'agit donc de maintenir des coûts de l'énergie raisonnables, au risque sinon d'aggraver la précarité énergétique, c'est-à -dire le fait que de nombreux ménages ne sont plus en mesure de payer la facture énergétique. Ils sont aujourd'hui 8 millions, soit 14 % des foyers français. Cela implique donc de contenir les coûts de production d'une part, et d'inciter les individus à devenir plus sobres dans leur consommation d'énergie, d'autre part. Ce n'est qu'à ces conditions que nous pourrons relever l'immense défi énergétique et écologique auquel nous devons trouver des réponses. Dans cette vidéo, nous avons donc vu que la sobriété carbone et le trilemme énergétique sont deux objectifs préalables. Le gaspillage, l'efficacité et la sobriété en matière énergétique sont les trois étapes nécessaires pour relever le défi énergétique et écologique actuel. La décroissance est une notion pertinente, mais difficilement applicable aujourd'hui, sauf si les individus eux-mêmes décident à leur échelle de s'y engager. Merci de votre attention. [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE]