[MUSIQUE] Bonjour et bienvenue dans cette vidéo. La question énergétique, ce sont aussi des choix de politique publique, et plus largement des enjeux de gouvernance, puisque de nouveaux acteurs sont partie prenante aujourd'hui, notamment à l'échelle locale. Dans cette première vidéo, nous allons étudier la politique de l'Union européenne en matière d'énergie et d'écologie, son rôle, ses objectifs et son fonctionnement. Alors, quel est le rôle de l'Union européenne? L'Agence internationale de l'Énergie dit la chose suivante : La réorientation en profondeur de notre consommation d'énergie passe en priorité par une affirmation des choix politiques en matière d'investissements et de subventions. L'Union européenne en est aujourd'hui un bon exemple. Les choix de mix énergétique restent largement du ressort des États membres, notamment sur la question du nucléaire. Pourtant, l'Europe ne fait que renforcer une politique énergétique commune pour répondre, notamment, au trilemme énergétique. L'objectif central est de fournir une énergie sûre, abordable et respectueuse du climat. L'Union européenne exerce 3 fonctions principales en matière de politique énergétique et d'enjeu écologique. Elle fixe des objectifs chiffrés, elle développe des instruments communs et elle soutient financièrement les États membres en matière de recherche et d'investissement. Voyons maintenant ses objectifs ; ils sont chiffrés et précis. La démarche s'inscrit, notamment, dans la stratégie Europe 2020 pour une croissance intelligente, durable et inclusive. Cette stratégie, adoptée en 2010, fixe 5 grandes cibles chiffrées, parmi lesquelles le 20-20-20 en faveur de l'environnement. Il s'agit, pour 2020, d'avoir réduit les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 20 % par rapport au niveau de 1990, de faire passer à 20 % la part de l'énergie issue de sources renouvelables, et d'améliorer de 20 % l'efficacité énergétique. Chaque État membre a l'obligation d'informer annuellement la Commission européenne de l'état d'avancement de ces objectifs. En 2014, l'Union européenne a décidé d'aller plus loin en fixant de nouveaux objectifs pour 2030. Il s'agit désormais de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre, de faire passer à 27 % au moins la part de l'énergie issue de sources renouvelables, d'améliorer de 27 à 30 % l'efficacité énergétique, et d'atteindre 15 % d'interconnexion électrique. Outre les objectifs en matière d'émissions, les priorités se portent sur l'efficacité énergétique, depuis 2012, et l'interconnexion électrique. Elle doit permettre, entre autres, d'optimiser l'utilisation des énergies renouvelables dans le réseau électrique. À l'horizon 2050, l'Union européenne s'engage à réduire de 80 à 95 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990. La feuille de route pour l'énergie à l'horizon 2050 décrit les mesures à prendre pour atteindre ces objectifs. On y trouve une décarbonisation quasi complète de l'économie, le rôle prépondérant des énergies renouvelables, ou encore des investissements massifs et en amont. Comme on peut le constater, l'Union européenne est en bonne voie pour atteindre les objectifs de 2020. Son rôle incitatif se traduit concrètement en matière économique et de création d'emplois. On estime, en effet, que le secteur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique emploiera plus de 4 millions de personnes en 2020. À titre d'exemple, en 2011, 70 % des panneaux solaires installés dans le monde l'étaient dans l'Union européenne. On estime également que les bâtiments construits aujourd'hui consomment moitié moins d'énergie que les bâtiments construits dans les années 1980. Pour atteindre ses objectifs, l'Union européenne a été pionnière dans la mise en place d'instruments communs. L'objectif de ces instruments est d'inciter les entreprises à réduire leurs émissions. En voici deux exemples emblématiques. L'étiquette énergie, créée en 1992 pour l'électroménager, s'est depuis étendue à de nombreux secteurs, dont l'automobile ou l'immobilier. L'objectif est d'inciter les consommateurs à acheter des biens d'une plus grande efficacité énergétique, ce qui pousse à leur tour les entreprises à mettre sur leur marché des produits ou services toujours plus efficaces. Ce label obligatoire a connu un grand succès du fait de la sensibilité des consommateurs européens au prix de l'énergie. L'Union européenne a également mis en place le premier marché supranational d'émissions de CO2 dès 2005. La stratégie suit le mécanisme de marché suivant : les entreprises participantes seraient poussées à réduire volontairement leurs émissions lorsque le prix de la tonne de CO2 sur le marché aurait atteint un prix dissuasif. Cependant, ce mécanisme d'offre et de demande, reposant sur des quotas d'émission, reste aujourd'hui largement controversé quant à son efficacité. L'objectif actuel de l'Union européenne est de revoir ce mécanisme, à la lumière des avancées de la COP21. L'Union européenne espère donc qu'un mécanisme international d'échange d'émissions de CO2 aura émergé à la suite de cette conférence. L'Union européenne, enfin, joue un rôle clé dans le soutien financier qu'elle apporte aux États membres en matière de recherche et d'investissement. Par le biais de ses fonds structurels notamment, 23 milliards d'euros prévus pour la période 2014-2020, dans le cadre des programmes de recherche communautaire, l'Union européenne finance les projets de recherche nécessaires mais très coûteux pour les États. Le nouveau programme, Horizon 2020, met notamment l'accent sur les technologies sobres en carbone, le stockage de l'énergie, et les réseaux intelligents et interconnectés. L'Union européenne joue un rôle de catalyseur en privilégiant les partenariats entre secteur public, privé et monde académique. En conclusion, l'Union européenne est un acteur indispensable de la transition énergétique. Elle est à la fois aiguillon, arbitre et soutien. Aux États ensuite d'adapter les objectifs européens à leurs propres réalités historiques et culturelles. Merci de votre attention.