Bienvenue dans le cours d'économie du sol et de l'immobilier. Je m'appelle Michael Doyle, je suis docteur en architecture et sciences de la ville au Laboratoire de l'Économie Urbaine et de l'Environnement. Cette semaine porte sur la manière dont les principaux modèles économiques tentent de déchiffrer la distribution des activités sur le territoire et la forme urbaine. Nous allons voir comment le modèle de la ville s'appuie sur les théories économiques pour constituer leur concept de la ville tout en soulignant les lacunes inhérentes des modèles qui cherchent une généralisation universelle au détriment d'une spécificité locale. La théorie urbaine récente propose de lire la ville à travers les logiques combinatoires d'un nombre limité d'éléments, plutôt que d'aborder la ville comme un système fermé indépendant dans son contexte. Pour nous aider à passer du modèle normatif aux éléments de la ville, et par la suite, aux théories économiques sur la forme urbaine, nous allons nous servir d'un modèle simple issu de la théorie de l'information. Nous essayerons de comprendre la ville par trois éléments, l'armature, l'enclave et l'hétérotopie et le rôle dans le modèle normatif de la ville : la ville cosmique, la ville machine et la ville écologique. Ensuite, nous regarderons les modèles économiques issus de la théorie de la localisation et la critique que les approches qualitatives font de l'approche quantitative des modèles spatiaux. Enfin, nous examinerons le modèle de la ville complexe en prenant la ville intérieure de Montréal comme exemple. À la fin de cette semaine, vous devriez être en mesure d'identifier les trois modèles normatifs de la ville, leurs faiblesses, reconnaître les trois éléments principaux de la ville, et pouvoir faire une connexion entre les modèles économiques, ses trois éléments, et les modèles de villes. L'enjeu de la semaine est d'identifier les similarités entre les modèles dans les interactions de leurs éléments. Nous parlerons beaucoup de modèles, et c'est le moment de préciser que par modèles, nous entendons une représentation schématique du fonctionnement d'un système. Pour ce cours, je vous propose un modèle très simple issu de la théorie de l'information et du travail du philosophe Michel Serres qui nous aidera à faire le pont entre les modèles de la ville et les modèles économiques spatiaux. Plus spécifiquement, c'est un modèle de circulation. L'économie s'intéresse surtout à la circulation de l'argent et des biens, les modèles cherchent à comprendre la circulation des personnes et de leurs activités. Bien entendu, nous ne parlerons pas de circulation sans ne peser l'accumulation et le stockage, ce qui est le sens même du capital. Les sols, les bâtiments, les institutions, les parcs constituent eux des lieux d'accumulation et de stabilisation, mais nous regarderons plus en détail les éléments de la ville dans la prochaine leçon. Les flèches aux traits gris représentent le fait que les centres d'accumulation ou d'interception peuvent toujours changer de place. Ce modèle suppose que la configuration spatiale et les mécanismes économiques sont intimement liés. On pourrait même dire que la manière dont l'espace est configuré est profondément économique et que les mécanismes économiques supposent une certaine morphologie. Mais le modèle va au-delà de l'idée que l'un suit l'autre ou que l'un détermine l'autre, car il y a bien de l'intéraction et des échanges qui s'effectuent en dehors de la configuration des rues et des lieux de la ville. Le modèle ne tient donc rien de donné ou déterminé à l'avance, sauf ce dont on voit le résultat : la circulation, l'accumulation, l'interception ou la déviation. Reprenons quelques concepts pour comprendre notre modèle. Dans le premier module, le Professeur Thalmann vous a parlé de l'arbitrage, ou la comparaison d'alternatives. L'investisseur a une réserve d'argent en stock qu'il veut faire croître en la plaçant dans une institution financière, un autre stock qui profite de cette croissance de sa réserve d'argent qu'elle fera circuler dans d'autres réseaux. La birationalité du flux représente le retour attendu de l'investisseur dans son capital financier. L'investisseur a aussi le choix de faire croître son capital en l'échangeant contre un bien immobilier, c'est-à -dire qu'il donne une partie de son capital à un propriétaire qui lui cède en retour son bien. Le nouveau propriétaire est en appréciation de la valeur, donc en flux, en sens inverse qui n'est pas seulement le bien immobilier en soi, mais aussi un rendement futur. Cela fait toujours partie du risque de l'opération. L'investisseur pourrait aussi décider de faire les deux, mettre une partie de son capital à la banque et échanger une autre contre un bien immobilier. Ce serait deux modèles en parallèle, la banque ne participe pas forcément à l'achat du bien. Cependant, l'investisseur pourrait faire appel à la banque lorsqu'il lui manque une partie du capital nécessaire pour obtenir le bien immobilier. Dans ce cas, la banque devient intermédiaire dans la transaction. La flèche descend de la banque pour représenter sa contribution. Mais sa contribution vient avec un prix de taux d'intérêt de l'hypothèque, ce qui représente la flèche qui remonte vers l'organisme financier. La banque intercepte et dévie une partie du flux du capital. Ce modèle de circulation nous permettra de faire le pont entre les modèles de villes et les modèles économiques. Les lieux représentent une forme de stocks, et les corridors et lieux de mouvements constituent les réseaux de circulation. L'interception aura un statut spécial que nous décrivons plus tard : l'hétérotopie. Dans cette leçon, nous avons commencé notre reflexion sur les modèles par un modèle plus simple de circulation. Notre enjeu, cette semaine, est de se servir de ce modèle pour identifier les similarités entre les modèles économiques et les modèles de villes. Nous verrons que les deux se sont évolués en parallèle et partagent certains a priori. Dans la prochaine leçon, nous parlerons de modèles de villes du point de vue de la théorie urbaine. Les urbanistes nous aident à comprendre les éléments de base des théories sur la forme urbaine de la ville et nous croiserons les trois éléments principaux proposés par l'urbaniste David Grahame Shane à la lumière du modèle que je vous ai présenté dans cette leçon. Merci d'avoir suivi cette leçon et rendez-vous dans la prochaine.