Bonjour. Bienvenue au MOOC : Villes africaines, environnement et enjeux du développement. La leçon d'aujourd'hui porte sur : environnement physique et santé. La bonne santé est une condition nécessaire pour que l'être humain puisse s'assurer de moyens durables de subsistance, notamment pour les ménages les plus pauvres. Or, tant l'environnement de son habitat que son travail peuvent la mettre en danger. Améliorer l'environnement, qui a un impact important sur la santé, est donc un préalable pour l'amélioration durable des conditions de vie et pour la lutte contre la pauvreté. Les progrès pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire pourront être accélérés grâce à l'amélioration des conditions de santé environnementales, en particulier en ce qui concerne les OMD relatifs à la santé infantile, à l'accès à l'eau et à l'assainissement, et à un environnement durable. La présente leçon analyse, d'une part, les conditions dans lesquelles les facteurs environnementaux sont responsables d'un nombre important de maladies, et d'autre part, les mesures qui pourraient les réduire. Les principaux facteurs de maladies dues à l'environnement physique sont l'eau, l'assainissement et l'hygiène, la pollution de l'air domestique, et le traumatisme d'origine physique. En 2012, selon l'OMS et l'Unicef, le taux de desserte en eau potable a atteint 85 % de la population urbaine de l'Afrique subsaharienne, laissant 15 % de la population non desservis, soit 137 millions de personnes. Seuls 41 pour 100 de cette population disposent d'un équipement sanitaire adéquat. Les 59 % restants, soit 575 millions, utilisent des installations non améliorées, ou pratiquent la défécation en plein air. Il a été estimé que, chaque année, 1,7 million de décès, soit 31 % des décès dans le monde, sont imputables à un accès inadéquat à l'eau, l'assainissement et l'hygiène. La majorité de ces décès, dus à des maladies diarrhéiques, concerne des enfants âgés de moins de 5 ans. Dans les villes africaines, parmi les populations ayant accès à des points d'eau améliorés, une certaine frange achète l'eau auprès des revendeurs. Une étude multi-pays sur la revente d'eau a montré que la dépense moyenne d'un ménage pour l'approvisionnement en eau représente un cinquième de leurs revenus. Plus un ménage est pauvre, plus la part consacrée pour ce service sera important. Cette chèreté du coût de l'eau influe sur la part du budget alimentation du ménage. Fournir une eau moins chère que les revendeurs, ce qui n'est pas difficile, aurait ainsi pour effet d'améliorer, de manière substantielle, l'équilibre alimentaire des populations les plus pauvres. Les personnes qui fréquentent les points d'eau non aménagés s'exposent à certaines maladies, comme le ver de Guinée, dont l'aire géographique est aujourd'hui limitée à quelques pays sahéliens et ouest-africains. Une eau propre disponible en quantité suffisante empêche bon nombre d'infections de la peau et des yeux, y compris le trachome, de même que la bilharziose, contractée lors de la baignade dans une eau infectée, ou la dengue, qui est une infection transmise par les moustiques, qui se multiplie fréquemment à domicile, dans les jarres. La crise de l'assainissement est particulièrement grande dans les quartiers précaires à forte densité de population. Les habitants, qui ne disposent d'aucun moyen de rejeter leurs excréments et leurs détritus dans des installations améliorées, sont obligés d'utiliser des toilettes volantes, c'est-à -dire des sacs en plastique qui sont utilisés puis jetés, et déposer leurs déchets dans des espaces publics. Au-delà des répercussions sanitaires immédiates de la défécation à l'air libre, on constate que le rejet de grandes quantités de boues fécales non traitées dans des cours d'eau, des lacs et des eaux côtières cause d'importants dommages à l'environnement. Tout processus d'amélioration des dispositifs pour les excréta doit être accompagné de mesures pour promouvoir leur bonne utilisation. Dans le cas contraire, les bénéfices escomptés sur la santé seront moindres. En particulier, il est important d'encourager les enfants à utiliser régulièrement les latrines et d'éliminer les fèces des nourrissons dans les latrines. Les excréments des jeunes enfants contiennent plus d'agents pathogènes que ceux des adultes. Les parasites intestinaux, tels que ascaris, ankylostomes, entravent, chez les enfants, la croissance et les facultés cognitives. Chez la femme enceinte, les ankylostomes favorisent l'anémie et, par conséquent, accroissent la mortalité maternelle. Le développement de ces parasites est favorisé par des conditions d'hygiène déficientes. Le trachome, qui est la seconde cause de la cécité dans le monde, est provoqué, dans la plupart des cas, par des mouches qui ont pour caractéristique de se multiplier dans les excréments humains. Les installations sanitaires améliorées privent ces mouches de leur milieu de reproduction et, par conséquent, réduisent leur population. Le mauvais écoulement des eaux pluviales, conduisant à leur stagnation, est à l'origine de la prolifération des anophèles, responsables du paludisme. En effet, des études menées à Niamey et à Maroua ont montré que la moitié des cas de paludisme surviennent en saisons pluvieuses, pour des pluies engendrant parfois des inondations, et que le nombre de cas pourrait baisser par simple curage des canalisations. L'apparition saisonnière du choléra est liée à la consommation, ou à la manipulation, par les ménages des eaux de surface contaminées par les eaux polluées pendant les épisodes d'inondations. Par ailleurs, la porosité des sols, en majeure partie sablonneux, favorise la communication entre les eaux polluées de surface et les eaux souterraines prélevées à travers les puits, les mares notamment. Cette pollution des eaux est accentuée par déversements, sans traitement, des déchets et eaux industriels dans le milieu naturel. La mauvaise gestion des déchets solides est l'une des causes principales de pollution dans de nombreuses villes, particulièrement sur le continent africain. Plusieurs de ces villes ne disposent pas, notamment, des décharges appropriées. Situés à proximité des villes, voire au coeur même des centres urbains, ces dépotoirs à ciel ouvert constituent souvent une source de revenus pour les populations les plus pauvres vivant à proximité, qui viennent chercher ce qui peut être réutilisé ou revendu. Une étude réalisée par le programme des Nations unies pour l'environnement sur le dépotoir de Dandora, à Nairobi au Kenya, a mis en relation la toxicité des déchets accumulés avec la pollution observée aux alentours et les maladies déclarées par de nombreux enfants. Les résultats de l'analyse d'échantillons de sol et d'eau, pour déterminer la teneur et les concentrations en divers polluants aux alentours de la décharge, montrent des niveaux de métaux lourds, dangereusement élevés, particulièrement en plomb, mercure et cadmium, sur le site du dépotoir, aux alentours et dans les résidences environnantes. Les analyses de sang et d'urine effectuées sur un échantillon d'enfants vivant à proximité, et âgés de 2 à 18 ans, ont révélé que la moitié des enfants examinés présente des taux de plomb dans le sang excédant les niveaux internationalement acceptés. Selon les experts, les enfants ont été exposés aux polluants par le sol, l'eau et les fumées des déchets brûlés. Presque la moitié des enfants examinés souffrait de maladies liées au système respiratoire, bronchite, asthme, gastro-intestinales et dermatologiques. Certains des symptômes connus pour l'empoisonnement au plomb ont été détectés chez plus de la moitié des enfants. L'exposition à des niveaux élevés de plomb est également liée à d'autres mauvais effets dommageables au système nerveux et au cerveau, tandis que l'empoisonnement au cadmium endommage les organes internes, particulièrement les reins, et provoque des cancers. Dans les villes d'Afrique, la pollution de l'air domestique constitue un grave risque sanitaire, tout particulièrement au sein des populations à faibles revenus, qui utilisent des combustibles de faible qualité pour la cuisson ou le chauffage. Ainsi, selon Zhang et Smith, les ménages qui utilisent la bouse animale, le bois et les résidus agricoles, ainsi que les réchauds sans une ventilation suffisante de la cuisine ou du domicile s'exposent à des pollutions dues à la combustion qui dégage des agents polluants nocifs et des gaz irritants, comme le monoxyde de carbone, le dioxyde de soufre, le dioxyde d'azote, etc. L'impact sanitaire dépend à la fois du niveau des émissions et du temps passé à respirer l'air pollué. C'est l'effet combiné des deux facteurs qui constitue le niveau d'exposition. Ce sont généralement les femmes et les enfants des ménages à faibles revenus qui sont les plus vulnérables car ce sont eux qui ont le plus souvent recours aux combustibles à base de biomasse et qui ne peuvent pas se procurer des fourneaux améliorés ou aménager une ventilation adéquate. Les femmes chargées de la préparation des aliments passent des longs moments près de la source d'émission. Le degré d'exposition aux agents nocifs est irrégulier. Selon certains auteurs, les moments d'exposition accrus ont lieu lorsqu'il faut ajouter ou remuer le combustible, allumer le fourneau, placer la marmite sur le feu ou mélanger son contenu. Ce sont les moments où la personne en charge de la cuisine est le plus près du feu. Les enfants en bas âge subissent aussi un risque accru parce qu'ils sont présents auprès de leur mère, à la maison. Ils sont davantage vulnérables car leur système respiratoire est fragile et donc plus sensible aux ravages des agents nocifs. D'après l'Organisation Mondiale de la Santé, la malnutrition, la déficience d'hygiène et l'insuffisance des soins médicaux intensifient l'impact de ces pollutions sur le plan sanitaire. Il est de plus en plus évident que l'exposition à la fumée des biomasses accroît la probabilité de développer un large éventail de maladies. Les principales maladies attribuables à la pollution de l'air domestique sont des infections respiratoires aiguës. Elles regroupent les infections mineures des voies respiratoires supérieures tels que les rhumes ou les maux de gorge, mais aussi, plus graves, les infections respiratoires inférieures aiguës comme la pneumonie et la bronchite. À elles seules les infections respiratoires aiguës sont la cause la plus importante de la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. Selon certains auteurs, la pollution engendrée par l'usage de la biomasse comme combustible peut entraîner l'irritation des yeux et peut augmenter le risque de développer des cataractes. Les traumatismes physiques sont généralement liés aux accidents de la circulation. En effet, chaque année ces traumatismes physiques engendrent des milliers de décès et de blessés qui gardent souvent des séquelles durables de leurs traumatismes. Certains chercheurs ont démontré que les enfants et les familles à faibles revenus sont atteints par ces traumatismes de façon disproportionnée. Les traumatismes physiques sont la principale cause de perte prématurée de capacité de vie productive. Ils se classifient selon qu'ils sont occasionnés de façon intentionnelle ou non. Ainsi, les accidents de la route, les chutes, les noyades et les intoxications sont classifiées comme involontaires alors que les homicides, les suicides et les traumatismes de guerre sont classés comme intentionnels. Les types de traumatismes physiques involontaires les plus courants sont les accidents de la route, la noyade, les chutes et les brûlures. Les victimes des accidents de la route sont le plus souvent les piétons, les cyclistes ou les motocyclistes, et parfois ceux qui empruntent les services des transports publics. Les circonstances et facteurs des risques associés à la noyade diffèrent selon le groupe d'âge et la localité. Les ménages à faibles revenus habitent le plus souvent aux abords des cours d'eau ou dans les zones marécageuses ou inondables où sont situés des canaux de drainage ou des égouts qui constituent un risque accru de noyade. Ce sont aussi bien les puits et les mares que les cours d'eau dans lesquels on pratique la pêche ou la baignade qui exposent à la noyade. Jusqu'à présent peu d'attention a été portée au problème dans les pays africains. Quelles sont donc les mesures pour réduire ces risques? Les brûlures se produisent habituellement à la maison. Les femmes sont particulièrement touchées en raison de leur présence en cuisine et par le port d'habits amples particulièrement inflammables. Les populations généralement les plus concernées sont les très jeunes enfants, les personnes âgées et les jeunes femmes. Dans les pays africains, le feu utilisé pour la cuisson et l'éclairage est la principale cause des brûlures. Les fourneaux portatifs à kérosène ou à gaz sont une importante cause des brûlures dans des nombreuses villes. Les incidents domestiques sont chose courante lorsque le foyer est placé à l'intérieur du domicile. Quand les populations dorment auprès d'un feu, le risque que les vêtements s'enflamment est accru. Les personnes sujettes à des crises d'épilepsie sont davantage exposées à des brûlures si pendant une crise, elles tombaient dans un feu. Le fait de s'ébouillanter avec des liquides chauds est une source importante d'invalidité physique. Les enfants y sont particulièrement vulnérables. Comme nous venons de le voir, les principaux facteurs de maladies dues à l'environnement physique sont l'eau, l'assainissement, l'hygiène, la pollution de l'air domestique, les traumatismes d'origine physique. En effet, les personnes qui fréquentent les points d'eau non aménagés s'exposent à certaines maladies. Une eau propre disponible en quantité suffisante empêche bon nombre d'infections de se propager au sein des populations. Force est de constater aussi qu'il existe une relation de causalité entre l'exposition à la pollution de l'air domestique et le développement des maladies, en particulier les infections respiratoires aiguës. Dans les pays à faibles revenus, comme africains, les chercheurs et décideurs devraient accorder une plus grande priorité à la prévention des accidents dont l'importance par rapport à d'autres causes de mortalité ne cesse de croître. Chez les jeunes notamment, les accidents figurent parmi les causes de mortalité les plus importantes. Au revoir et à la prochaine leçon sur environnement socio-économique et santé.