Bonjour, bienvenue au MOOC, Villes africaines, environnement et enjeux de développement. La leçon d'aujourd'hui porte sur environnement socio-économique et santé. La contribution de l'environnement social à la morbidité urbaine est de plus en plus reconnue dans les pays développés, où l'on a essentiellement réglé la majorité des problèmes d'ordre physique. Dans les pays en développement, et notamment en Afrique, la reconnaissance du rôle des facteurs sociaux en matière de santé publique obéira à un processus qui sera nécessairement plus lent, car les risques physiques constituent toujours une menace majeure à la santé. Et même là , les problèmes de santé d'origines sociales assument des proportions de plus en plus considérables. Comme pour ce qui est des risques physiques de l'environnement urbain, ce sont toujours les groupes les plus démunis qui sont les plus cruellement touchés. Très peu d'études et de recherches se sont intéressées à cette problématique dans les villes africaines. Cette leçon s'inspire très largement des réflexions contenues dans un rapport conjoint, ONU, habitat, OMS, intitulé, La face cachée des villes, mettre au jour et vaincre les inégalités en santé en milieu urbain. Nous évoquerons dans cette leçon les facteurs sociaux et économiques particuliers influençant la santé que sont, le statut socio-économique, les opportunités économiques et éducatives, la sécurité, la solidarité et la cohésion sociale, et enfin l'inégalité entre homme et femme. Le statut socio-économique constitue le facteur social le plus déterminant des risques à la santé, auxquels sont confrontés les citadins, car ce statut détermine aussi la plupart des dangers liés à l'environnement physique auxquels ils s'exposent, tout comme d'ailleurs les avantages dont ils peuvent jouir, par exemple, un logement décent. En effet, l'accès à l'eau potable et à des sanitaires hygiéniques dépend fortement des revenus des ménages, et de leur niveau d'instruction. L'importance des facteurs de l'environnement social en matière de santé urbaine a été confirmée par les données sur la mortalité différentielle, entre différents groupes socio-économiques, à Accra au Ghana. L'étude des cas, dans cette ville, a examiné les différences dans les causes de mortalité. Maladies circulatoires, infectieuses et parasitaires, et respiratoires. Entre groupes socio-économiques distincts, couvrant tous les groupes d'âge. Les groupes défavorisés affichent des taux plus élevés de mortalité que leurs voisins, plus prospères, tant en matière de maladies infectieuses, que de conditions liées à des facteurs sociaux, tels que les maladies du cœur. Les taux de mortalité, ajustés selon l'âge, pour cause de maladies circulatoires, étaient plus de deux fois supérieurs, pour les 46 % de citadins vivant dans la zone la moins favorisée que dans la zone la plus prospère. La mortalité due aux maladies infectieuses et parasitaires était elle aussi près de deux fois plus élevée, dans la zone la moins favorisée que dans la zone la plus prospère, tout comme la mortalité due aux maladies respiratoires. Cette étude indique que, pour les citadins adultes dont les conditions de vie sont défavorables, le risque sanitaire en matière de maladies transmissibles semble être aggravé par des risques élevés de maladie respiratoires. Les ménages à faibles revenus vivent, le plus souvent, dans des conditions non adéquates, comme les populations de ces quartiers précaires de Nouakchott et de Douala. Les habitants des villes ont accès à des opportunités économiques, emplois ou autres activités génératrices de revenus, qui sont susceptibles d'influencer fortement leur état de santé. Sur le plan matériel, cela se traduit par un accès à l'eau, à l'assainissement, à un logement décent, ainsi qu'à d'autres besoins, nécessaires à la vie. L'accès aux opportunités économiques, permet non seulement aux individus de satisfaire leurs besoins matériels, mais également de participer pleinement à la vie locale et de la société dans son ensemble. Dans les villes africaines, les personnes qui travaillent dans le secteur informel constituent la majorité des actifs. Par ailleurs, le nombre de travailleurs informels, non protégés et peu rémunérés, augmente rapidement dans ces villes. Et les risques que ces emplois entraînent, pour l'hygiène et la sécurité, se conjuguent souvent à ceux liés aux mauvaises conditions de vie, à la malnutrition et à l'insalubrité des logements. Ces personnes ne bénéficient pas d'une couverture sociale ou de santé complète, et, outre les traumatismes et les maladies d'origine professionnelle, elles sont souvent touchées par des affections liées à la pauvreté. La pauvreté s'accompagne de mauvais états de santé, et d'un risque de décès prématuré, liés certainement au stress psychosocial causé par les conditions socio-économiques défavorables, et la mauvaise qualité des relations sociales. Par ailleurs, l'accès à l'éducation favorise l'accès aux opportunités économiques. La délinquance et la violence urbaine, l'absence de protection des droits fonciers et les expulsions, ainsi que les catastrophes d'origines naturelles et anthropiques, sont les principales menaces qui pèsent sur la sécurité et la sûreté des individus en ville. La délinquance et la violence sont généralement plus graves dans les zones urbaines et exacerbées par la croissance rapide de ces zones. Sur le Continent africain, les actes délictueux se concentrent, dans une large mesure, dans les villes millionnaires, comme Lagos au Nigéria, Johannesburg, Le Cap, Durban en Afrique du Sud, et Nairobi au Kenya. La délinquance affecte la qualité des vies, non seulement des victimes, mais aussi de leurs amis, de leur famille, et du quartier dans lequel elles vivent. La peur de la délinquance isole les communautés, et a des répercussions financières et économiques pour les individus, l'État et le secteur privé. Dans les zones urbaines, la violence révèle des formes très diverses, violences dirigées contre soi-même, violences interpersonnelles et violences collectives. Dans de nombreuses zones urbaines, les actes de violence ont un impact négatif sur la santé et les moyens de subsistance des individus. Ils s'accompagnent aussi de nombreux autres coûts, ils compromettent, par exemple, les perspectives économiques d'une ville, voire d'un pays, comme on peut le constater aujourd'hui dans les zones de conflits, ou les pays en guerre, sur le Continent africain. L'environnement social influence la santé dans les zones urbaines, car il contribue à l'atténuation ou au renforcement de l'impact des facteurs de stress, et régule l'accès aux biens affectifs et matériels qui influent sur la santé. Il est prouvé qu'un niveau élevé de solidarité contribue à générer divers résultats positifs pour la santé. La solidarité apporte aux individus les ressources affectives et pratiques dont ils ont besoin, et peut avoir un puissant effet protecteur sur la santé. À l'inverse, l'isolement et l'exclusion sociale peuvent entraîner un mauvais état de santé, voire un décès prématuré. La cohésion sociale, c'est-à -dire la qualité des relations sociales, et la confiance, les obligations ainsi que le respect mutuel au sein du quartier ou de la ville contribuent à protéger les individus et leur santé. Les femmes qui vivent dans les zones urbaines rencontrent des inégalités basées sur le genre. Ces inégalités, conjuguées à d'autres déterminants de la santé, comme l'accès aux opportunités économiques, affectent l'état de santé des femmes. Parmi les déterminants identifiés, on peut citer, les opportunités limitées d'accès à l'éducation et à l'emploi rémunéré, un statut social inférieur au sein de la famille, de la communauté et de la société, un accès limité aux ressources et une maîtrise limitée de ces ressources, un pouvoir de décision restreint, un risque accru d'être victime de violences sexuelles, une importance moindre accordée à la santé et à la vie des femmes, en dehors de leurs années de fécondité. Le manque d'attention accordée à ces déterminants produit une dégradation et une négligence systématique de la santé des femmes, y compris en zone urbaine. Ainsi, au sein du ménage, les filles et les garçons, les femmes et les hommes, ne bénéficient pas d'un accès identique aux aliments les plus nutritifs et aux soins de santé. Les normes et les valeurs qui conduisent à l'acceptation sociétale de la violence à l'encontre des femmes, ou du pouvoir sur la procréation et la sexualité des femmes, favorisent divers états relatifs à la santé reproductive et sexuelle des femmes. En conclusion nous disons que, dans les pays en développement, la reconnaissance du rôle des facteurs socio-économiques en matière de santé publique obéira à un processus qui va être nécessairement plus lent car les risques physiques constituent toujours une menace majeure à la santé. Le statut socio-économique constitue le facteur social le plus déterminant des risques à la santé auxquels sont confrontés les citadins. La délinquance et la violence, généralement plus graves dans les zones urbaines, représentent des menaces pour la sécurité, et partant, la santé des individus et communautés urbaines. Les inégalités basées sur le genre, conjuguées à d'autres déterminants, tels que l'accès à des opportunités économiques, limité, impactent la santé des femmes en milieu urbain. L'environnement social influence la santé dans les zones urbaines, car il contribue à l'atténuation ou au renforcement de l'impact de facteurs de stress, et régule l'accès aux biens affectifs et matériels qui influent sur la santé. Au revoir.