[MUSIQUE] Fin de semaine, je vous ai écouté, comme les participants, sur les questions de santé publique. Pouvez-vous nous réexpliquer quel lien vous faites entre environnement et santé publique? >> Les questions d'environnement, je le disais, renvoient à un certain nombre de thématiques telles que l'approvisionnement en eau, l'assainissement des eaux usées des excrétas, tel que l'assainissement pluvial, pour reprendre, et l'assainissement des déchets. Lorsque je prends, donc, ces problématiques, on peut facilement établir le lien. Si un individu consomme de l'eau qui n'est pas potable, il y a de fortes chances qu'il puisse contracter la maladie ; parce qu'à travers l'eau, il y a des parasites et autres vecteurs qui peuvent se développer et pouvoir, donc, donner la maladie à l'individu qui consomme l'eau impropre, ou les vecteurs qui se développent dans ces eaux peuvent, tels que les moustiques, trouver un individu et lui véhiculer la paludisme, par exemple. Lorsque vous êtes dans un environnement impropre, insalubre, où les déchets ne sont pas ramassés, où les gens défèquent en plein air, évidemment, là aussi, votre environnement est malsain, les mouches qui passent à côté, qui pullulent sur les ordures ménagères et qui viennent ensuite se poser sur les nourritures que l'on consomme, par ce biais, donc, arrivent à contaminer les personnes. L'évacuation des eaux, les eaux de ruissellement qui se chargent d'un certain nombre de détritus, lorsqu'elles sont contaminées et qu'elles s'infiltrent dans la nappe phréatique, il y a des risques de pollution de cette nappe phréatique, notamment chez les personnes qui consomment l'eau du puits ou qui consomment l'eau de cours d'eau ou d'une mare. Donc, de manière assez simple, le lien existe. La question fondamentale : est-ce que les individus, les urbains, font ce rapprochement, ce lien-là entre leur environnement qui est insalubre, parce qu'ils n'ont pas l'eau potable, parce que les déchets ne sont pas ramassés, parce que les fèces ne sont pas évacués dans des conditions sanitaires exactes, est-ce qu'ils arrivent à faire ce lien-là entre ce manque, ces dysfonctionnements, et leur état de santé? C'est tout l'enjeu, que les individus, en ville, puissent faire ce lien-là . À partir du moment où ils pourront faire ce lien, évidemment, ça les amènera à changer de comportement, à ne pas, par exemple, obstruer par les ordures ménagères les canalisations qui sont prévues pour l'évacuation des eaux pluviales, qui peuvent engendrer des dysfonctionnements dans l'écoulement de ces eaux lesquelles peuvent engendrer des inondations lorsque le système ne fonctionne pas, lesquelles inondations peuvent endommager les habitations, ou bien être source de noyades, etc. Donc, le lien existe, je crois que la littérature l'a abondamment développé, mais le problème, est-ce que chaque individu, chaque citadin, perçoit ce lien de la même manière que le spécialiste qui a réfléchi à la question et qui l'a dit. Toute la politique de la santé environnementale est donc basée sur ces questions de liens entre l'environnement urbain et la santé. Assez souvent, on ne fait que le lien entre l'environnement physique, les questions d'alimentation, les questions de déchets, mais on oublie le reste, l'autre environnement qui est économique, qui est social ; parce que si moi, un individu urbain, je n'ai pas les ressources nécessaires, je ne pourrais pas avoir accès à une eau qui soit potable, je ne pourrais pas avoir accès à un système d'assainissement adéquat, donc si je n'ai pas une latrine, ou une toilette moderne, je ferais mes fèces dans la nature et, avec le lien que je viens de décrire, le cycle de propagation des maladies va continuer à perdurer. Rien qu'à voir les statistiques sanitaires, on se rend compte que la part importante de mortalité dans les villes africaines aujourd'hui est liée à des questions d'hygiène, d'eau et d'assainissement. Les maladies qui sont évitables, pourvu seulement que les investissements soient faits pour que le cadre de vie des populations soit meilleur. En Europe, la question a été dépassée ; les questions d'alimentation en eau potable, d'assainissement, de gestion des déchets solides ont plus ou moins été résolues, donc, la transition démographique s'est faite. Or, en Afrique, on est encore en retard dans ce domaine-là . >> Est-ce que, lorsqu'on gère la ville ou on la planifie, est-ce que, dans la tête des experts, dans la tête des professionnels de l'urbain, >> on fait ce lien entre santé publique et planification ou gestion urbaine? >> Ça commence à devenir de plus en plus les nouvelles perceptions que les planificateurs ont. Il y a des documents dans lesquels, lorsque vous les parcourez, vous voyez que la dimension santé est prise en compte. Ce n'est pas de manière systématique, mais il y a aujourd'hui des thèses qui sont défendues dans ce sens pour que la planification urbaine prenne en compte les questions de santé. Évidemment, dans la planification urbaine, on se préoccupe des questions d'alimentation en eau, de gestion des déchets, d'assainissement pluvial ou autre, mais c'est parce que, quelques fois, on ne fait pas forcément le lien que cela n'apparaît pas. À mon avis, dans la tête des planificateurs, les questions d'eau potable, de services de déchets, d'ouvrages, des ménages, sont là . Mais comment les systématiser pour que cela devienne une réalité? Et, au-delà de la question de la planification, ensuite va se poser la question de la mise en œuvre de ces options de planification qui ont été définies par les spécialistes. Je le disais tantôt : au départ, les planificateurs ont beau planifier, ont beau préconiser un certain nombre d'interventions ou d'actions susceptibles d'offrir un environnement urbain qui soit viable, le gros problème qui va se poser est comment mobiliser les ressources. Mobiliser les ressources, je crois que chacun, habitants, opérateurs économiques privés, organisations internationales, pouvoirs publics, collectivités, etc, a sa part de responsabilité, pourvu qu'on puisse développer et réfléchir sur les questions de manière concertée, pour pouvoir trouver des solutions qui soient adaptées aux différents contextes de nos villes africaines. >> Si je vous écoute bien et que je vous comprends bien, cela veut dire que, en termes de planification et de gestion, si on prenait >> ces différentes choses, qu'on les intégrait, qu'on les articulait, on pourrait, par le biais de la planification, réduire considérablement le nombre de certaines maladies dans les villes. >> Par ce biais, on pourra trouver des réponses à certaines situations >> difficiles ou désastreuses que nos villes connaissent. Mais les solutions sont sur papier ; les planificateurs donnent des options, maintenant il reste la question de comment mettre en œuvre ces options proposées. Vous aurez proposé à un instant t, on vous donne donc l'opportunité d'élaborer un document de planification d'une ville x, votre document, bien fait, vous le reproduit dans le délai requis, assez souvent aussi les processus d'adoption autres ne sont pas diligentés pour pouvoir le faire dans le délai imparti, ensuite, je le disais au départ, comment mettre en œuvre ces options-là ? Les solutions existent dans un certain nombre de cas ; elles ont été mises en œuvre dans des contextes qui ne sont pas différents, mais qui sont, peut-être, plus ou moins similaires. Quand peut-on s'en inspirer? Après, qu'est-ce qu'on fait? Ce n'est pas le planificateur qui met en œuvre ; le planificateur planifie. Maintenant aux décideurs de trouver les moyens de cette mise en œuvre, et assez souvent, c'est là où on bute sur de grosses difficultés, et on n'arrive pas à mettre en œuvre un certain nombre de stratégies, ou de plans qui ont été développés. Je le disais à propos des schémas directeurs dans la gestion des déchets, ou des schémas directeurs d'assainissement ou de drainage des eaux pluviales, il y a des villes qui se sont dotées de ces instruments de planification. Mais, lorsqu'il faut les mettre en œuvre, soit ces actions sont mises en œuvre de manière partielle ou, assez souvent, elles ne sont pas du tout mises en œuvre, parce que confrontées à des questions liées aux finances. >> Merci pour ces éclaircissements sur les questions de santé publique. Je pense qu'on a bien compris le rôle des populations, le rôle des autorités, finalement la question du financement qui vient chapeauter tout cela, Merci pour ces quelques réponses, et nous finissons, comme cela, ce cours de 4 semaines. Je vous retrouve pour une conclusion que nous allons faire dans une prochaine vidéo. >> Merci. [AUDIO_VIDE]