[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]. >> Cette semaine, nous allons traiter du thème de l'identification sur la base de traces comme les empreintes digitales ou les traces d'oreilles, bref tout ce qui représente un motif. L'objectif de cette semaine est de discuter avec vous des éléments et conditions nécessaires pour identifier une personne à partir d'une trace. Pendant cette semaine, nous verrons que le processus d'identification va bien au-delà de la simple évaluation des résultats. En effet, c'est une conclusion définitive qui requiert non seulement un modèle d'inférence mais aussi un modèle de décision. À la lumière des éléments que nous vous exposerons, vous comprendrez pourquoi l'identification ne fait pas partie du domaine d'application des directives de l'ENFSI Guideline sur le rapport évaluatif. Vous saurez quels éléments on doit considérer si l'on veut décider qu'une personne est ou non la source d'une trace. Vous comprendrez très bien également la position de certaines organisations forensiques ou les déclarations spécifiques dans la littérature spécialisée à propos de ces décisions d'identification. Vous serez capable de justifier pourquoi les experts et expertes ne devraient pas finalement identifier. Cette semaine est organisée sous la forme de trois vidéos. Chacune est dédiée à une affaire où la preuve permettant l'identification a été contestée. Dans la première vidéo, on se focalisera sur les traces d'oreilles comme moyen d'identification. Dans les deuxième et troisième vidéos, on revisitera le concept d'identification, mais cette fois sur la base des empreintes digitales. On discutera des causes des erreurs commises et comment on peut les éviter lorsqu'on travaille avec ce que l'on nomme en anglais pattern evidence, c'est-à -dire des traces montrant un motif, par exemple les semelles, les canons d'armes à feu ou les traces digitales. Ainsi, dans la première vidéo, on parlera ou entendra parler de l'affaire Dallagher. C'est un cas où des traces d'oreilles ont été retrouvées sur les lieux, et comme vous vous en doutez, l'identification sur la base de ces traces a été contestée. Christophe, tu as travaillé sur ce cas, n'est-ce pas? >> Oui. Je suis intervenu dans cette affaire en tant qu'expert de la défense et ai témoigné devant la cour d'appel en 2002. Nous allons effectivement discuter des mérites des traces d'oreilles en science forensique. À la fin de cette session, Tasha nous parlera des tests ADN additionnels qui ont été effectués sur les traces d'oreilles et qui ont laissé penser que Dallagher n'était pas à l'origine de ces traces. >> Dans cette affaire, les experts on dit être capables d'identifier une personne sur la seule base d'une comparaison entre une trace et une empreinte d'oreille d'origine connue. Mais Alex vous exposera quels sont les facteurs sous-jacents et les conditions nécessaires pour qu'on puisse prendre une telle décision. On continuera la session avec deux affaires impliquant des fausses identifications faites sur la base d'empreintes digitales. Le premier cas est connu sous le nom de McKie et Asbury. C'est une affaire écossaise. Le deuxième case est une affaire américaine. Il s'agit de l'affaire Brandon Mayfield, qui a été accusé d'être impliqué dans les attentats de 2004 à Madrid en Espagne. Christophe, tu es aussi intervenu dans ce cas, n'est-ce pas? >> Oui, j'ai été impliqué dans l'enquête judiciaire associée à l'affaire McKie/Asbury. Plus spécifiquement, j'ai préparé deux rapport pour l'équipe chargée de l'enquête et j'ai témoigné en Écosse à ce sujet. Par contre, je n'ai pas travaillé directement sur l'affaire Mayfield, mais j'ai suivi le cas de très près. J'étais en congé sabbatique à Quantico quelques temps après les événements. Pour ces deux affaires, nous avons eu la chance d'interviewer, et vous les entendrez, les personnes sur lesquelles ces erreurs forensiques ont eu le plus grand impact, c'est-à -dire les familles McKie et Mayfield. Nous entendrons Iain McKie le père de Shirley McKie. Son père a joué un grand rôle dans sa défense et pour démontrer que le Scottish Criminal Record Office, SCRO, a fait une erreur. Nous écouterons également Brandon Mayfield et sa fille. Et pour remettre ces cas dans leur contexte, venez avec moi sur les scènes de crime fictives de notre école afin de voir comment on détecte des traces d'oreilles ou des traces digitales. Nous utiliserons les mêmes techniques que celles qui ont été utilisées dans les affaires Gallagher et McKie. Nous sommes sur le toit du bâtiment de l'école des sciences criminelles. Je m'approche des scènes de crime virtuelles qui sont des appartements réaménagés qu'on utilise pour la formation de nos étudiants à l'investigation sur scènes de crime. Nous sommes ici dans une des chambres que nous utilisons pour la formation des étudiants en matière d'état des lieux, de recherche de traces, traces au sol comme des traces de semelles, ou ce qui va nous intéresser tout à l'heure, recherche de traces papillaires et traces d'oreilles sur une voie d'entrée. Vous avez ici la valise typique d'intervention sur scène de crime avec le matériel nécessaire pour la collecte des traces sur scène. Je ne vais me concentrer ici que sur le matériel que je vais utiliser pour détecter les traces papillaires et les traces d'oreilles. Les traces papillaires et traces d'oreilles sont détectées en utilisant de la poudre. Cette poudre vient dans des petits flacons comme celui-ci. Elle est appliquée sur les traces avec des pinceaux comme celui-ci, en fibre de verre, et donc simplement en plaçant un peu de poudre sur le pinceau et en l'appliquant délicatement sur la surface, les résidus graisseux vont être des sites sur lesquels la poudre va venir se déposer et ainsi obtenir le contraste désiré et la détection désirée. Ces pinceaux viennent dans différents formats. Si tôt les traces détectées, nous allons les photographier puis les prélever. Le prélèvement se fera sur des feuilles de gélatine, ici des feuilles de gélatine noire, qui au contact de la surface vont prendre l'ensemble de la poudre, et puis simplement par un relevé, vous allez obtenir une trace indirecte ou inversée de la trace papillaire ou de la trace d'oreille d'intérêt. Donc voilà le petit matériel nécessaire pour détecter ces traces. [BRUIT] Bien, nous allons utiliser cette porte-fenêtre pour vous montrer la déposition de traces, traces papillaires et traces d'oreilles sur une surface, et puis ensuite la détection de ces traces. La raison pour laquelle on laisse des traces est que nos surfaces, tant des mains que les surfaces de nos oreilles, sont couvertes de sébum qui donne du matériel qui peut être transféré lorsqu'elle est mise au contact de la surface. Ce sébum, il est renouvelé sans arrêt. Il est alimenté par le fait qu'on se touche le visage par exemple, ou des zones riches, et le même phénomène pour nos oreilles qui sont couvertes de glandes qui produisent régulièrement ce sébum qui va être déposé sur les surfaces. Ici, je vais évidemment faire un cas d'école en déposant des traces tel que vous pourrez le voir, et je vais tant déposer des traces papillaires que des traces d'oreilles. Donc ici, je touche abondamment la surface avec mes doigts, et on va chercher ensuite à les détecter. Puis ensuite, dans un certain type de criminalité, les cambrioleurs peuvent être intéressés à écouter aux portes ou à écouter à la fenêtre pour vérifier si oui ou non la personne était présente ou s'il y a des signes de présence à l'intérieur de l'appartement, et ça se fera en appuyant l'oreille contre la surface en essayant au mieux de pouvoir favoriser l'écoute. En faisant ainsi, on dépose une trace potentiellement de l'oreille, qui peut être un peu couverte par les cheveux, mais également et souvent des traces de la joue. Le premier examen qui est entrepris sur une scène de crime, c'est un premier examen optique, sans rien toucher, avec une bonne source de lumière comme une lumière blanche. L'objectif est de chercher des traces potentielles. Ici, assez rapidement, on observe les traces papillaires que j'ai laissées tout à l'heure, et puis, si je monte un peu plus sur la vitre, je vais observer les deux traces d'oreilles que nous avons laissées. Chacune des traces va d'abord être enregistrée avec un cadrage assez large pour la mettre dans son contexte, puis ensuite avec un cadrage plus proche pour faire un enregistrement de la trace dans son état telle qu'elle est découverte maintenant avant l'intervention toujours risquée avec la technique de poudrage. Pour la trace d'oreille qui est ici, on remarque, comme il était attendu, qu'on a une trace de joue assez importante. Cette trace est potentiellement porteuse de traces ADN, de résidus biologiques qui peuvent être prélevés après la photographie directement sur la vitre de manière à sécuriser le prélèvement ADN avant qu'on n'applique la poudre. Dans le cas qui nous occupe, on va directement appliquer la poudre tel qu'elle a été faite dans le dossier qui nous intéresse. Donc les examens optiques, c'est la base de la police scientifique. Elles permettent de détecter des traces d'intérêt, d'autres traces qui nécessiteraient peut-être d'être préservées, de faire l'ensemble des photographies avant une intervention destructive sur la scène. Nous allons procéder à la détection des traces en utilisant un pinceau en fibres de verre et de la poudre noire Simplement en venant appliquer la poudre délicatement sur la surface, sans trop appuyer. [BRUIT] La poudre noire vient se déposer préférentiellement sur la graisse. [BRUIT] Sur le montant de la porte, on trouve aussi des traces. Nous allons maintenant prélever les traces. Nous allons utiliser pour ceci une feuille de gélatine blanche parce que nous avons utilisé de la poudre noire pour la détection, donc nous cherchons à obtenir le contraste noir sur blanc. On enlève la couverture de protection et je vais directement l'appliquer sur la surface. [BRUIT] [BRUIT] La même chose pour les deux traces d'oreilles que je vais essayer de prendre sur la même feuille. [BRUIT] À ce moment, il est important de profiter d'avoir la pièce en situation pour indiquer toutes les informations du cas qui sont pertinentes et qui devront être retenues, typiquement, d'indiquer le nom de l'opérateur, la date, le numéro d'affaire, l'objet sur lequel nous sommes en train de faire les examens. C'est fenêtre extérieure. L'indication intérieur extérieur est importante, et puis on a les deux traces d'oreilles que l'on peut numéroter. Et trace d'oreille deux, qui sont les deux traces que l'on cherche à associer, et ces numéros vont être ceux qui vont permettre d'assurer la traçabilité dans le cas. Il est clair que les numéros de cas et cetera, peuvent évoluer dans le cadre de la procédure mais c'est ce qui va vous permettre de suivre la pièce depuis la scène jusqu'au tribunal. Il y a d'autres informations importantes, ça peut être une mesure de la distance depuis le sol jusqu'à ce point et qui vont vous donner la hauteur à laquelle les traces ont potentiellement été laissées. Donc une mesure qui sera faite depuis le sol jusqu'à ce point-là permet de positionner l'objet dans l'axe vertical, et ce qui est peut être important pour déterminer la hauteur potentielle de la personne. Le plus d'informations vous avez sur le dos de l'affiche, spécifiques et précises, vous permettent d'assurer la continuité de la preuve et c'est un élément absolument fondamental dans le cadre des enquêtes. La même procédure sera appliquée pour les traces papillaires ici. Donc maintenant je peux faire le relevé. [BRUIT] , Et donc nous avons là les deux traces d'oreilles. ici et ici, sur un fond clair. Elles sont prises dans la gélatine. On va placer un élément de couverture, de protection. Si tôt retourné au laboratoire, une photographie sera effectuée pour préserver l'élément de preuve. Donc vous avez les quatre doigts, ici, un, deux, trois, quatre, les phalangettes de chacun des doigts, la trace qui correspond à la paume et puis deux traces digitales supplémentaires qui se trouvaient sur le chambranle de la porte. Dans l'affaire Mayfield, les traces ont été détectées sur un sac en plastique bleu, du même type que celui-ci, avec des techniques chimiques. On verra, dans le laboratoire où nous nous trouvons en ce moment, comment on procède dans de tels cas. Il y a des nombreuses méthodes que l'on peut appliquer selon les circonstances, et nous verrons comment nos étudiants et étudiantes le font dans ce laboratoire. >> Avant de nous plonger dans ce matériel, résumons les objectifs de cette dernière semaine. À la fin de cette session, vous serez capable d'exposer pourquoi l'identification est une décision qui va bien au-delà de l'évaluation des résultats. C'est pour cette raison que les expertes et experts ne devraient pas identifier des personnes ou des objets. Ainsi, vous serez aussi capable de discuter des causes d'erreurs associées avec les traces présentant un motif, telles que les traces d'oreilles ou de doigts. Vous saurez comment éviter ces erreurs et ce que vous devez exiger des experts. Je vous invite dès à présent à regarder la vidéo présentant l'affaire Dallagher. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE]