[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] >> Bienvenue à ce cours où nous allons discuter ensemble de l'interprétation des indices scientifiques. En particulier, nous allons voir comment les résultats forensiques doivent être utilisés au tribunal. Nous verrons ensemble quels sont les défis rencontrés par les scientifiques, et mettrons à l'épreuve la science forensique. Le but général de ce cours est que vous développiez une vision critique par rapport à la science forensique, voire par rapport aux sciences en général. En effet, contrairement à la croyance populaire, les sciences forensiques ne peuvent pas apporter des certitudes au tribunal. Nous démontrerons que les résultats forensiques doivent être considérés avec précaution, et que l'on doit tenir compte de l'incertitude inhérente face à un évènement connu. Pour illustrer ce point, prenons un cas similaire à ce que nous étudierons dans ce cours. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Les résultats forensiques ne peuvent mener à des certitudes, contrairement à ce que pourrait le laisser penser les séries télévisées. Ceci est valable pour n'importe quel résultat, qu'il soit obtenu suite à une analyse ADN, suite à une comparaison d'empreintes digitales, ou suite à toute autre technique forensique. De plus, les conclusions que formulent les experts sur la base de leurs résultats ne sont pas toujours correctes selon les règles de la logique. C'est le cas des conclusions catégoriques du style, monsieur S est la source de traces digitales retrouvées sur les lieux, ou monsieur S et la victime sont la source de l'ADN retrouvé sur le manche du couteau. Ce genre de conclusion catégorique doit être examiné avec circonspection. On se doit d'être prudent, car comme je vous l'ai dit, la certitude n'existe pas, que cela soit en science forensique ou plus généralement dans le système judiciaire dans son ensemble. Mais revenons un peu en arrière et étudions le cas impliquant monsieur S dans notre bande dessinée. Dans ce cas, la trace digitale était de mauvaise qualité. Elle n'était pas nette et présentait d'importantes distortions. Lorsque cette trace fut soumise à d'autres scientifiques pour vérification, il s'avéra, selon les notes de laboratoire, qu'il n'y avait pas de consensus quant à la source de la trace. On sait qu'il existe une certaine incertitude même avec les empreintes digitales, puisque des erreurs ont été mises en évidence par exemple dans les affaires Mayfield [INCOMPRÉHENSIBLE] que nous discuterons dans ce cours. Dans notre cas, l'ADN était un mélange et il y en avait en petite quantité. De plus, le profil du contributeur mineur n'était pas de bonne qualité. Dans notre cas, on ne peut pas savoir si l'ADN provient de monsieur S. Il est possible qu'il provienne de quelqu'un d'autre. On se doit d'évaluer ces résultats statistiquement. Il faut également noter que monsieur S était un ami de la victime et qu'il lui avait rendu visite la nuit précédant son meurtre. Lorsqu'on considère cet élément, il n'est pas surprenant de retrouver de l'ADN correspondant à monsieur S en petite quantité, que cela soit sous l'hypothèse de l'accusation, c'est-à -dire monsieur S a poignardé la victime, ou sous l'hypothèse alternative de la défense, monsieur S a rendu visite à la victime la nuit précédente et a utilisé le couteau de façon légitime. Quand on vous a dit qu'on avait retrouvé l'empreinte de monsieur S et son ADN sur le couteau, vous étiez sûr que la science pouvait à elle seule résoudre le cas. Mais non, vous savez que les choses ne sont pas aussi simples que dans les séries télévisées. Dans ce cours, on vous présentera, comme dans cette vidéo, des cas, mais cette fois des cas réels. Leur étude nous permettra de développer votre sens critique. Pour ce faire, vu la complexité de cas réels, ce cours a été développé par une étude multidisciplinaire, des spécialistes dans des traces digitales et de semelles, dans le raisonnement probabiliste, dans les micro-traces et l'ADN et la prise de décision. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] >> Bonjour. Je m'appelle Christophe Champod, et je suis professeur ordinaire en sciences forensiques à l'université de Lausanne. J'ai suivi tout mon cursus en sciences forensiques à Lausanne, commençant mon bachelor en 1986, et finissant ma thèse de doctorat en 1995. Après quelques années au Royaume-Uni où j'ai travaillé au service de Sa Majesté au Forensic Science Service, j'ai rejoint en 2003 l'École des sciences criminelles. Mon domaine d'expertise comprend principalement les traces qui peuvent mener à une identification, par exemple les empreintes digitales, les traces de semelles ou encore l'ADN. Je m'intéresse particulièrement à la valeur qu'on peut attribuer à de telles traces, que ce soit pour l'identification humaine ou pour l'identification d'objets. J'ai été et suis encore impliqué dans des expertises. Certains des cas que j'ai pu étudier seront discutés dans ce cours. >> Bonjour. Je m'appelle Franco Taroni et je suis professeur ordinaire en statistiques forensiques à l'université de Lausanne. Je passe la plupart de mon temps à étudier comment le raisonnement probabiliste peut aider les scientifiques forensiques, et plus généralement le système judiciaire dans son ensemble. J'ai focalisé ma recherche sur le développement de modèles qui nous aident à déterminer la valeur des preuves scientifiques. Je suis également consulté en tant qu'expert de l'indice scientifique, et je dois avouer que je suis choqué lorsqu'il m'arrive de lire des rapports d'expertise. C'est le cas notamment lorsqu'il est écrit, vu que la fréquence relative de ce profil ADN est extrêmement rare, un sur plusieurs millions de milliards, il n'est pas possible qu'une autre personne sur Terre ait le même profil. Ce dernier peut donc être considéré comme unique. Pendant ce cours, vous découvrirez pourquoi cette phrase est dangereuse et illogique. Une fois que nous aurons discuté des bases du raisonnement nécessaire pour évaluer la valeur des traces, vous serez probablement autant surpris que moi de savoir qu'il existe encore des experts qui s'expriment toujours de cette façon au tribunal. >> Bonjour. Je m'appelle Tacha Hicks. Je travaille au sein de la formation continue, et suis responsable de la formation à distance que notre université offre aux praticiens et praticiennes forensiques dans le domaine de l'interprétation. De façon plus générale, je suis une scientifique forensique, et j'ai effectué à Lausanne mon bachelor, mon master, et également mon travail de thèse de doctorat. Je me suis spécialisée dans l'interprétation des micro-traces comme le verre, les fibres et les traces ADN. Comme Franco et souvent avec lui, je travaille aussi sur des cas réels, par exemple dans le domaine du verre ou de l'ADN. J'ai également beaucoup de plaisir à collaborer avec les experts de notre institution, par exemple dans le domaine des écritures et avec les personnes suivant ou ayant suivi nos formations. >> Bonjour. Je m'appelle Alex Biedermann. Je suis professeur associé à l'université de Lausanne à l'École des sciences criminelles. Je fais de la recherche, j'enseigne et je publie sur l'application des probabilités et de la théorie de la décision, ceci pour évaluer la valeur probante des traces forensiques dans les processus judiciaires. Je m'intéresse tout particulièrement au raisonnement et à la prise de décision dans le domaine de la preuve, qui se trouve à l'interface entre la science et la loi. Mon travail est pluridisciplinaire et implique la science forensique, la loi, et différents aspects de la probabilité, la théorie de la décision et les modèles graphiques, comme par exemple les réseaux bayésiens. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE]